À l’aube des 10 ans de la COP21 – Dérèglement climatique et tourbières du Congo : lettre ouverte à Monsieur António Guterres

À l’approche du 10ᵉ anniversaire de la COP21, l’Organisation pour la Protection, la Préservation et la Promotion de l’Écosystème des Tourbières du Bassin du Congo (OPET‑BC) adresse une lettre ouverte à Monsieur António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies. Cette lettre appelle l’ONU à soutenir activement l’organisation, en décembre 2025 à Paris, d’une conférence internationale dédiée à la sauvegarde des tourbières du Bassin du Congo, un écosystème crucial pour la régulation du climat mondial. Face aux menaces grandissantes et à la fragmentation de la gouvernance actuelle, il est urgent de mobiliser la communauté internationale pour une réponse coordonnée, inclusive et ambitieuse.

Philippe ASSOMPI

7/24/20252 min read

Monsieur le Secrétaire général,

À l’aube du 10ᵉ anniversaire de la COP21, l’Organisation pour la Protection, la Préservation et la Promotion de l’Écosystème des Tourbières du Bassin du Congo (OPET‑BC) propose l’organisation, en décembre 2025 à Paris, d’une conférence internationale sur les tourbières du Bassin du Congo. Cette initiative vise à rassembler États, organisations internationales, société civile, peuples autochtones, scientifiques et secteur privé autour de la sauvegarde d’un écosystème vital, menacé et encore mal gouverné.

Les tourbières de la Cuvette Centrale, réparties entre la République démocratique du Congo et la République du Congo, représentent le plus grand complexe de tourbières tropicales au monde. Elles stockent environ 30 gigatonnes de carbone, l’équivalent de deux années d’émissions mondiales, et jouent un rôle clé dans la régulation du climat et la préservation de la biodiversité.

Face aux pressions croissantes, exploitation forestière, pétrolière, orpaillage illégal avec effet dévastateur sur l'environnement, concessions minières, fragmentation des responsabilités, la gouvernance actuelle est inefficace : elle se heurte à une cacophonie institutionnelle entre cadres internationaux, régionaux et nationaux, sans réelle coordination.

Cet événement coïncide avec une véritable urgence climatique : selon plusieurs études, la perturbation de ces tourbières pourrait les transformer en bombes à carbone, relâchant des quantités gigantesques de CO₂ dans l’atmosphère.

La COP21 a été un signal fort pour l’action climatique : il est plus que jamais nécessaire d’agir concrètement sur le terrain en appuyant la gouvernance durable de ce patrimoine planétaire.

Nous sollicitons les Nations Unies pour qu’elles :

1 - Endossent officiellement la conférence de Paris en 2025, en lui offrant aide institutionnelle et logistique.

2 - Facilitent la coopération avec les principaux acteurs régionaux (Ramsar, COMIFAC, CAFI, FAO, paniers UN comme PNUE et PNUD), en assurant un guichet unique et évitant les doublons.

3 - Véhiculent un message d’inclusivité, en plaçant la voix des communautés locales et peuples autochtones au cœur des décisions, dans le respect de leurs savoirs traditionnels et la reconnaissance de leurs droits territoriaux.

4 - Active un financement dédié, sous supervision onusienne, garantissant transparence et efficience pour des projets locaux (éducation, conservation communautaire, emplois durables), en s’inspirant du projet pilote CFCL en RDC.

5 - Encourage les partenariats scientifiques et le renforcement des outils de suivi (SEPAL, cartographie, données climatologiques), à l’image de l’initiative FAO sur le terrain.

Monsieur le Secrétaire général, les tourbières du Bassin du Congo sont un bien commun de l’humanité. Les Nations Unies ont un rôle irremplaçable à jouer pour transformer cet enjeu écologique en opportunité de paix climatique, de respect des droits et de coopération internationale. En soutenant la conférence de décembre 2025, vous donnerez un signal clair : l’ONU engage non seulement la parole, mais aussi l’action.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Secrétaire général, l’expression de ma haute considération.

Philippe Assompi

Président de l’OPET‑BC