Climat, quel bilan l'Europe a-t-elle tiré des inondations qui ont frappé Valence ?

Les 28 et 29 octobre 2024, Valence, en Espagne, a été frappée par des inondations dévastatrices, mettant en lumière une fois de plus la vulnérabilité croissante des territoires européens face aux catastrophes climatiques. Ces événements, loin d'être isolés, s'inscrivent dans une série de crises liées aux pluies torrentielles exacerbées par le réchauffement climatique. Cependant, malgré l'ampleur du drame, la réaction de l'Union européenne (UE) semble en décalage avec l'urgence climatique.

Philippe Assompi

12/4/20242 min read

Une Europe face à des catastrophes climatiques récurrentes

Depuis 2021, l'Europe a été régulièrement confrontée à des épisodes climatiques extrêmes : inondations, vagues de chaleur, incendies. Les inondations à Valence s'inscrivent dans ce contexte alarmant où les effets du réchauffement climatique sont de plus en plus visibles. En octobre 2024, des pluies diluviennes ont submergé la ville, provoquant de nombreux dégâts matériels et des pertes humaines tragiques. Cet événement a rappelé les inondations meurtrières en Allemagne et en Belgique en 2021, démontrant que l'Europe reste insuffisamment préparée à faire face à des événements météorologiques extrêmes.

L'inaction relative de l'Union européenne

Malgré les évidences, la réponse politique européenne semble timide. Lors de la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan, tenue du 11 au 22 novembre 2024, l'Europe a eu l'occasion d'aborder les récents événements climatiques, mais n'a guère insisté sur la tragédie de Valence. Ce silence contraste avec les discours officiels prônant une action résolue contre le changement climatique. Par ailleurs, l'implication active de l'UE dans la crise ukrainienne a mis en lumière une politique à deux vitesses. Alors que des moyens considérables sont mobilisés pour les crises géopolitiques, les catastrophes climatiques ne bénéficient pas du même niveau d'engagement, ce qui soulève des questions sur les priorités.

Le fossé entre les discours et les attentes des citoyens

Les citoyens européens, de plus en plus touchés par les effets du réchauffement climatique, attendent des mesures concrètes. Selon le Commissariat général au développement durable, six Français sur dix sont déjà concernés par les risques climatiques, et cette statistique est représentative de l'ensemble du continent. Malgré cela, l'UE semble se contenter de discours de bonne volonté sans pour autant traduire ces déclarations en actions concrètes. Cette déconnexion entre les attentes des populations et les décisions politiques alimente un sentiment de frustration et d'inquiétude.

L'opportunité d'un leadership climatique

Face à l'inaction des États-Unis, notamment avec le retour de Donald Trump à la présidence en 2025, l'Union européenne pourrait assumer un rôle de leader mondial dans la lutte contre le changement climatique. Pourtant, l'Europe hésite à affirmer pleinement son leadership. Cette réticence est d'autant plus regrettable que l'UE dispose de ressources scientifiques, économiques et diplomatiques pour jouer un rôle décisif. Les événements comme les inondations de Valence devraient être un signal d'alarme, incitant l'UE à accélérer la transition écologique et à mettre en œuvre des politiques ambitieuses.

Les inondations de Valence en octobre 2024 sont un nouvel avertissement sur la gravité de la crise climatique en Europe. Malgré des discours prometteurs, l'Union européenne reste en deçà des attentes en matière de réponse aux catastrophes climatiques. Le temps presse, et il est impératif que l'Europe se positionne en leader climatique mondial. Les citoyens attendent des actions concrètes, à la hauteur des défis environnementaux actuels. À défaut, le fossé entre les décideurs et les populations risque de s'aggraver, laissant la voie libre à un avenir marqué par des crises à répétition.

Philippe Assompi

Président de l'OIPET