En combien de générations les tourbières du Congo se sont-elles créées ?

Cette question est centrale si, avec sincérité, on veut que les tourbes du Congo soient protégées dans les conditions optimales. Car on ne peut pas décider, si ce n’est sceller, de l’avenir d’un écosystème vieux de dizaines de milliers d’années le temps d’un ou de quelques mandats électoraux. Il faut miser sur la transmission et cela passe par l’éducation. En effet l'éducation est un outil essentiel pour la construction de sociétés durables.

Philippe Assompi

5/14/20233 min read

En 10000 années, il y a combien de générations ?

Même si, il ne peut avoir une réponse précise à cette question car le nombre de générations dans une période de temps donnée dépend de plusieurs facteurs, on peut néanmoins faire une estimation approximative de 25 ans, la moyenne pour les êtres humains. En appliquant cette méthode, 10000 années équivaudraient à environ 400 générations (10000 années / 25 ans par génération). Cette estimation peut évoluer. Sachant que le nombre de générations peut être différent en fonction des facteurs démographiques et culturels au fil du temps. Ceci dit on peut estimer au bas mot à 400 générations, l'âge des tourbières du Congo.

Réalité dans un état corrompu

La gestion dans un état corrompu, c’est le cas au centre de l’Afrique, le Congo Kinshasa et le Congo Brazzaville étant depuis des décennies très mal positionnés au classement Transparency International, Indice de Perception de la Corruption, est difficile et complexe. Cependant, il est important de comprendre que la gestion dans un tel environnement ne peut être considérée comme normale ou acceptable. Les pratiques corrompues peuvent entraver la gestion efficace des ressources, la transparence et la responsabilité, d’où la difficulté. Dans ces conditions, il ne peut pas avoir de repères fiables pour une meilleure évaluation. Aussi la vigilance des instances onusiennes doit être conforme aux attentes ce, pour ne pas que des intérêts obscurs ne prennent le dessus sur le bon sens. D’autant plus qu’il ne faut pas oublier que c'est bien une partie de l’avenir de l’humanité qui se joue en ce moment sur les deux rives du fleuve du Congo.

L'éducation des congolais est la seule garantie

L'éducation est la courroie essentielle pour la protection à long terme des tourbières du Congo. Les tourbières sont des écosystèmes uniques et précieux qui stockent d'énormes quantités de carbone, jouent un rôle crucial dans la régulation du climat mondial et abritent une riche biodiversité. Malheureusement, ces écosystèmes sont menacés par des activités humaines telles que l'exploitation forestière, l'agriculture et l'exploitation minière, qui peuvent entraîner des dégradations irréversibles.

L'éducation peut contribuer à sensibiliser les communautés locales et les décideurs aux valeurs et aux avantages écologiques, économiques et sociaux des tourbières. Les programmes éducatifs peuvent aider à promouvoir une compréhension et une appréciation plus profondes de l'importance des tourbières et à encourager des pratiques de gestion durable. Les programmes de formation peuvent également être utiles pour les professionnels et les décideurs qui travaillent dans des secteurs liés aux tourbières, tels que l'agriculture, la foresterie et l'exploitation minière, pour les sensibiliser aux bonnes pratiques environnementales. Des mesures réglementaires et de conservation sont également nécessaires pour protéger ces écosystèmes uniques et précieux. Dans un environnement corruptif, les garde-fous sont nécessaires. La société civile est l’alliée indispensable pour bâtir un schéma éducatif propice à une meilleure conservation desdites tourbières.

Le rôle de l’Organisation des Nations Unies

Aucun pays ne peut surmonter seul cette menace existentielle. Nous sommes dans le même bateau. Et ce que chacun de nos pays fait ou ne fait pas aura non seulement un impact sur la population de son propre pays, mais sur celle du monde entier, avait dit le Secrétaire d’État américain, Monsieur Antony Blinken, à l’occasion du Sommet virtuel des leaders sur le climat.

Si on se réfère au communiqué du CNRS, lequel indique que les tourbières captent à elles seules le tiers du dioxyde de carbone piégé dans les sols, au regard de l’importance du site tourbeux du Congo, l’arbitrage de l’ONU doit être renforcé. Sachant que la COP27 avait fixé pour objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. Or la planète se réchauffera d’environ 2 à 2,5 °C si les tourbières du Congo venaient à être dégradé. Ce qui entrainerait un réchauffement de la terre autour 4 °C ( 1,5°C+2,5°C ). Un héritage que nous léguerons aux générations à venir si les décideurs internationaux ne prenaient pas à bras le corps la situation des tourbes de la cuvette centrale. Il y a urgence.

L’Afrique à la forme d’un revolver dont la gâchette se trouve au Congo. Il incombe à l’Organisation des Nations Unies de veiller à la sécurisation de cette gâchette. Pour ce faire il faut arriver à intéresser les habitants des deux Congo, tous les habitants sans distinction de classe sociale, afin de les transformer en gardiens de la tourbière. Laquelle est un bien commun de l’humanité.