Tourbières du Congo : Pourquoi la diaspora des deux rives doit-elle s’unir comme un seul homme ?
Séparées par le fleuve Congo, Kinshasa et Brazzaville sont les deux capitales les plus rapprochées au monde. Ce qui se passe dans l’une ou l’autre des deux villes est su dans l’heure qui suit de l’autre côté de la rive. Liés par l’histoire, la culture et la langue, il est intéressant que les deux peuples s’unissent pour défendre une cause commune.
Congo Kinshasa, Congo Brazzaville, d’ennemis à frères rapprochés
Les congolais de part et d’autre du fleuve Congo sont un même peuple, ce, en dépit des frontières imposées par le colon. Aujourd’hui plus que jamais, il faut prendre conscience de cette chance. Si, les pays européens qui se sont faits des guerres, s’entretués durant des siècles, se sont réunis pour ne former qu’un seul bloc, l’Union européenne, cet exemple doit inspirer les congolais. Car au vingt unième siècle, à l’ère des nouvelles technologies, on est vite broyé quand on est seul. Par contre, on est plus fort avec une grande communauté. Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. C’est en cela que les tourbières du Congo, cet écosystème naturel est un don de dieu. Car il sollicite le rassemblement de tous les congolais. En effet jamais les congolais des deux rives ne se sont mobilisés autour d’une même cause. Ce serait une première.
En 1967 le Grand Kallé et Jean-Serge Essou, deux valeurs sures de la rumba, avaient chanté : «Ébale ya Congo, ézali lopango té, ézali sé nzéla » Traduction, le fleuve Congo n’est pas une frontière ou une barrière, c’est une route, une voie de communication.
En quoi les tourbières du Congo peuvent-elles pousser les deux peuples à s’unir ?
Valeur financière desdites tourbières
Un rapport intitulé « Combien le monde devrait-il payer pour l'élimination du carbone dans la forêt du Congo ? » publié en novembre dernier par le Think Tank Indépendant Center for Global Développement indique que la valeur du carbone séquestré par la forêt du bassin du Congo s’élevait à trente milliards de dollars renouvelé chaque année. Or tous les experts concordent à dire que les tourbières du Congo emprisonnent, à elles seules, la moitié du CO2 du bassin du Congo. Ce qui représentent quinze milliards de dollars par an. Il ne faut pas rêver, les grandes puissances ne vont pas lâcher le morceau sans négocier. Mais ce qui est certain, il y aura des fonds, des financements susceptibles de sortir les congolais de la misère.
Les intérêts d’une union pour les deux parties
Il est à savoir que cette étendue tourbeuse s’est formée seule, sans l’aide de qui que ce soit, il y a plus de dix mille ans. Elle n’a besoin de personne pour se réguler. Il y a juste un travail de pédagogie à faire pour apprendre aux congolais à vivre en harmonie avec leur environnement. C’est un travail d’éducation et il convient de l’inscrire dans les manuels scolaires afin de pérenniser la transmission. Ainsi le congolais deviendra pour aujourd’hui, demain et pour toujours, le gardien sur qui l’humanité tout entière devra compter pour préserver cet écosystème.
La réussite de la Matinale, une émission de Ziana TV, présentée par Brice Landry Decaux se repose sur le fait que ce cadre, la cinquantaine environ, s’exprime en lingala et le kituba, kingolo ya l’état. Il ne parle pas à une élite ni à une classe. Il s’adresse à tous les congolais et ça marche. De l’intérieur, le congolais est muselé. Il vit dans une précarité telle que se nourrir au quotidien est son souci majeur. La solution doit venir de l’extérieur, donc de la diaspora. Mais pour contrer toute discrimination, le lingala devra être la langue officielle. Le wolof est utilisé dans certains lieux officiels en Afrique, il n’y a pas de raison que les congolais ne soient pas fiers de leur langue.
Quel est le projet à mettre en place ?
À la faveur de la crise russo-ukrainienne le monde entier a été surpris de découvrir l’importance de l’Ukraine grâce à son blé. Si l’agriculture congolaise était mécanisée, avec un sol aussi fertile, le Congo devrait non seulement solutionner la question de l’auto-suffisance alimentaire mais en plus, il y aurait un excédent propice à l’export. Charge à la diaspora de s’organiser en une entité collaborative pour assurer la distribution à l’étranger. Il est inconcevable que les africains soient nourris aux quatre coins du monde par des peuples venant de Chine, du Liban, du Pakistan et bien d’autres avec du fumbwa, du genre coupé à la tronçonneuse, des aliments très souvent sans contrôle sanitaire et qu’il n’y ait pas de réaction adaptée. Il faut créer les conditions d’une vraie dynamique de développement économique. L’esprit d’entreprendre est la seule option pour sortir le congolais de l’assistanat. Même si on a l’habitude de mal faire, il n’est pas interdit de bien faire.
Les actions à envisager.
Face au réchauffement climatique, les relations internationales issues du modèle installé au lendemain des indépendances de l’Afrique montre leur limite. Les puissances qui pillaient moyennant des bakchichs sans sourciller le Congo sont devant une impasse. Ils veulent mettre de l’argent pour la protection de ce "poumon de l'humanité" mais la boulimie de leurs interlocuteurs traditionnels les en dissuade. Il appartient désormais à la société civile congolaise de prendre ses responsabilités. Elle se doit de montrer, particulièrement à la communauté internationale, qu’elle fait partie des solutions. Il faut peser de façon que les gouvernements des deux rives acceptent que les initiatives citoyennes soient gérées de façon autonome. Et qu’à la source, depuis les instances internationales selon les conclusions de la COP27 et la COP15 aux chapitres soutiens des pays riches aux pays pauvres, les financements soient répartis de manière à ne pas confondre ce qui est de l’ordre de la compétence des états de ce qui relève de l’engagement citoyen. Le vent est favorable. Il faut saisir cette opportunité. La mobilisation de la diaspora congolaise, femmes, hommes, intellectuels ou pas, nés ici ou là-bas, et la seule alternative pour mettre cette cause au-devant de l’actualité. En cela, ce site est le point de ralliement. La vérité n'a pas de maître. La vérité reste la vérité.
Omar Sy, un modèle inspirant pour les stars franco-congolaises
Devant la critique qui découlait de son interview au Parisien, le 3 janvier 2022 dans l'émission Quotidien de Yann Barthès, Omar Sy, venu assurer la promotion du film Tirailleurs n'a pas ressenti le besoin d'en ajouter davantage. " Ce que j'ai dit, je l'ai dit. Comprenne qui voudra et si vous voulez comprendre autre chose, comprenez autre chose. "
Alors que sort en salles le film Tirailleurs sur le sort des combattants d’Afrique noire pendant la Première Guerre mondiale, le ministère des Solidarités a annoncé que d’anciens tirailleurs, majoritairement sénégalais, vont pouvoir rentrer définitivement dans leur pays d’origine, tout en continuant à percevoir leur minimum vieillesse, VICTOIRE.
En soutien au comédien français, le journaliste Laurent Neumann de préciser, il n’enfonce juste qu’une porte ouverte et Donel Jack'sman de rajouter : continues d’être une source d’inspiration, continues d’ouvrir les portes.
Si les rappeurs franco-congolais et belgo-congolais s’unissaient pour mettre en lumière la situation des tourbières du Congo, un genre de We Are the World de Michael Jackson au bénéfice de l’Éthiopie, d’une ils feront connaître au monde le rôle ô combien capital de ces tourbes dans la lutte contre le réchauffement climatique et de deux, ils auront œuvré pour contrer la pauvreté au Congo, des enfants et des vies sauvées de la famine. Pour celles et ceux qui l’ignorent, le rap français est aujourd’hui influencé par les sonorités de la rumba congolaise. C’est un juste retour que ces artistes : Maître Gim’S, Youssoupha, Passi, Singuila, Dadju, Niska, Ninho, pour ne citer que ceux-là, contribuent à apporter de la quiétude à la terre qui a vu naître leurs parents, leurs ancêtres mais aussi certains d’entre eux.
Pour revenir à l’interview d’Omar Sy dans le Parisien, si le Président Emmanuel Macron s’investissait sur les tourbières du Congo avec autant de sincérité et d’intérêt, comme le prouve son engagement sur la crise russo-ukrainienne, nul doute que l’Union européenne le suivra, les institutions internationales aussi.
Philippe Assompi
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